Les Femmes Savantes
Molière
avec Isabelle Bonillo, Nicolas Guillemot, Alain Holtgen, Denis Jousselin, Christine Muller, Myriam Muller, Marion Poppenborg, Camille Rasera, Serge Wolf
mise en scène – Marja-Leena Junker
photos – © Bohumil Kostohryz
« Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses… »
Il est très étonnant que l’auteur, en 1662, de « L’Ecole des Femmes » -où il plaide pour l’accès à l’éducation des jeunes filles-, pouvait écrire dix ans plus tard cette curieuse pièce-charge contre les femmes « savantes » !
Mais prend-t-il vraiment parti pour Chrysale quand celui-ci querelle sa femme, trop affairée à étudier les planètes et admirer la poésie pour s’occuper des affaires de la maison ? Ou pour le jeune Clitandre qui conseille aux femmes de bien cacher leur savoir si elles veulent plaire aux hommes ? Molière pensait-il réellement que les études ne convenaient pas au genre féminin ?
Nous avons eu envie de jeter un autre regard sur cette comédie. J’ai toujours eu beaucoup de tendresse pour ces femmes savantes : Philaminte, Bélise et Armande, qui osent quitter le rôle assigné aux femmes et s’élancent avec une folle énergie vers les sphères enivrantes de la science et du savoir. Entourées d’hommes attachés au maintien de l’ordre traditionnel et qui voient avec stupeur leurs femmes, filles et sœurs leur échapper, elles avancent bravement sur des chemins nouveaux. Bien sûr, elles se trompent parfois, sont maladroites ou exagèrent, mais une révolution peut-elle se faire sans quelques excès…?
Un beau sujet de réflexion, et puis… quel plaisir de retrouver la verve inimitable de Molière et sa profonde humanité dans cette grande, merveilleuse, drôle, féroce et touchante comédie !