Le baiser sur l’asphalte
Nelson Rodrigues
avec Caty Baccega, Pierre Bodry, Paulo Cardoso, Irina Fedotova, Alain Holtgen, Luc Lamesch, Christian Magnani, Myriam Muller, Sonja Neuman, Monique Reuter, Franck Sasonoff, Stéphane Titelein, Jules Werner
mise en scène – Marja-Leena Junker
costumes – Ulli Kremer
scénographie – Karel Spanhak
musique – René Nuss
adaptation française – Angela Leite-Lopes
assistant à la mise en scène – Lol Margue
coproduction – Théâtre du Centaure, Théâtre National du Luxembourg
photos – © Christophe Olinger
Ce « thriller » plein d’action, d’humanité et d’inspiration, d’un grand auteur enfin découvert en Europe, a laissé une impression particulièrement forte chez tous ceux qui l’ont vu. Beaucoup n’ont pas pu le voir encore : c’est d’abord pour eux que nous reprenons cette pièce tellement vraie, qu’elle pourrait facilement se passer n’importe quand et n’importe où, même aujourd’hui, même chez nous…
Le commissaire Cunha a de bonnes raisons de se plaindre du journaliste Amado Ribeiro : à cause de ses articles, il a perdu toute crédibilité et sa carrière est compromise. Mais Amado vient de lui proposer une nouvelle affaire, juteuse : l’après-midi même un bus a renversé un jeune homme. Un passant s’est agenouillé et a embrassé la victime sur la bouche avant qu’elle ne meure. N’y a-t-il pas là matière à une enquête délicieusement scandaleuse, qui ferait une belle unanimité contre l’homosexuel présumé ? Celui-ci est marié, il s’appelle Arandir et, lors de l’accident, était accompagné de son beau-père, Aprigio… Progressivement se dessinent les ravages que provoque la presse à scandale et une police corrompue dans la vie d’Arandir et dans celle de ses proches. Insinuations, soupçons, préjugés, contre-vérités, lâcheté… Ecrite avec une verve joyeuse et un rythme d’enfer, mettant en scène la vie dans les banlieues populaires de Rio avec une galerie de personnages hauts en couleur, voici une parabole illustrant le procès fait de tout temps à ce qui paraît sortir des « normes ».
L’œuvre de l’écrivain et journaliste Nelson Falcao Rodrigues (1912-1980) – 19 pièces de théâtre – a été durement contesté de son vivant. Il a lui même qualifié son théâtre de « théâtre désagréable » car il s’agit d’œuvres « pestilentielles, fétides, capables à elles seules de provoquer le typhus et la malaria parmi le public »… Il est aussi l’auteur de romans publiés sous le pseudonyme de Suzana Flag. Dans les années cinquante, sa chronique quotidienne au journal Ultima Hora, intitulée « La vie comme elle est » le rend célèbre dans tout le Brésil. Il est aujourd’hui le dramaturge brésilien le plus représenté dans son pays et à l’étranger, un classique incontesté.